On continue notre série « Que sont-ils devenus ? » avec Erwan SIAKAM, arrière gauche venu de Villeneuve d’Ascq en 2006, passé par le Centre de Formation dunkerquois avant de signer son premier contrat pro à l’USDK, qui est notamment devenu Champion de France en 2014 et se sent toujours « comme à la maison » à Dunkerque. Vous saviez qu’il ne se prédestinait pas forcément à devenir joueur professionnel ? Mais une personne bien avisée l’a convaincu de s’inscrire en sport études… Interview:
Tu as été formé à l’USDK. On peut dire que tu as grandi à Dunkerque et que tu y as tout connu jusqu’au titre de Champion de France en 2014…
Erwan Siakam : « J’ai tout connu à Dunkerque. Les grosses déceptions, les blessures comme les victoires, les grandes victoires. Puis, on a tout gagné sur le plan national. Ce que j’ai vécu à l’USDK c’est un concentré de ce que n’importe qui rêverait de vivre dans une carrière. Sur le plan humain, c’est aussi quelque chose de fort. Je suis encore en contact avec tous les joueurs avec lesquels j’ai joué à Dunkerque. Je pense que j’ai vécu quelque chose d’inoubliable et qui restera gravé même après l’arrêt de ma carrière. »
Parle-nous de tes débuts dans le handball…
E.S. : « J’ai commencé à Villeneuve d’Ascq. A l’époque, c’était le club concurrent de Dunkerque sur le plan régional avec les équipes jeunes. On finissait souvent deuxième et ça nous énervait ! (rires) J’ai fait une année en sport études à Dunkerque en première. Et ensuite, j’ai dû repartir jouer à Villeneuve pour jouer avec l’équipe première en D2. C’était l’année où la génération 87 a dû quitter le sport études pour faire de la place à l’équipe de France Jeunes bis qui a été créée à cette époque-là. Puis après cela, finalement, je me suis décidé à intégrer le centre de Formation de l’USDK avec un contrat stagiaire à la clef. C’est là que la belle aventure a commencé. Je dois aussi dire que c’est Yohann Delattre (NDLR : Déjà Responsable du Pôle Espoirs du Lycée Jean Bart de Dunkerque et entraîneur à l’époque de Villeneuve d’Ascq en D2) qui m’a convaincu de venir en sport études. Au départ, je ne voulais pas forcément faire du hand mon métier ou ma passion surtout que j’avais commencé tard. Au final, je ne regrette pas. Il a joué un grand rôle dans ce que je suis devenu.»
Rappelle-nous ton parcours depuis ton départ de Dunkerque…
E.S. : « J’ai fait deux ans à Créteil où c’était un peu compliqué car quitter le Nord pour aller à Paris en plus, ça n’a pas été facile. Mais ça a quand même été une belle expérience car ça m’a permis de grandir sur pas mal de points. Puis après, je suis parti à Tremblay. Je vais entamer ma 5ème année là-bas. »
S’il ne fallait garder qu’un souvenir de l’USDK ?
E.S. : « Le premier titre à Bercy ! Ce n’est pas forcément le plus beau mais émotionnellement parlant, tout était réuni. Que ce soit le titre, la communion avec le public… On avait l’impression d’avoir déplacé Dunkerque à Paris. Ça m’arrive encore parfois de regarder les vidéos et j’en ai encore les frissons, j’ai l’impression de revivre ce moment. C’est une émotion que je ne suis pas sûr de revivre un jour dans ma vie. Aussi parce que j’étais jeune mais je rentrais vraiment dans les plans du club. Je voulais être Dunkerquois pour de longues années même si rien n’était encore fait. Je me sentais Dunkerquois. J’étais Dunkerquois. Représenter les valeurs du Nord, que ça se passe à Paris, qu’on batte Chambéry aux tirs au but… Tout était réuni pour que la victoire soit encore plus belle. Je repense aussi à Nicolas Bernard forcément. Je crois que grâce à ce moment-là tout le monde a pu découvrir ce qu’était l’équipe de l’USDK. On était vus comme une bonne équipe, avec un bon public, des valeurs mais pas forcément comme une équipe qui gagne. On a enchaîné les titres à partir de là. C’était la naissance d’un nouveau groupe et d’une équipe qui est allée loin derrière. J’ai eu la chance de jouer un peu à la fin du match mais je dois dire que je me souviens plus de l’ambiance et la communion avant et après que du moment où j’étais sur le terrain. Si je n’avais pas revu les images, je ne me souviendrais pas du match tellement la pression était forte, tellement j’étais pris par l’enjeu et tout ce qu’il y avait autour. Quand j’en reparle aujourd’hui, j’en ai encore la chair de poule ! Il y a pas mal d’autres très beaux souvenirs bien sûr comme le titre de champion de France mais pour moi, celui-là, c’était le plus marquant. »
Ton pire souvenir ? Celui dont toi ou l’équipe s’est relevée plus forte ?
E.S. : « Je dirais la finale en Coupe d’Europe EHF en 2012. Quand tu fais une telle compétition et que tu perds en finale, c’est très douloureux. D’ailleurs, on en a tous pleuré. Après coup, on se rend compte que l’équipe en face était plus forte. On a appris à gagner mais on a aussi appris à perdre à ce moment-là. C’est-à-dire qu’on savait que l’on pouvait rivaliser contre les plus grands mais qu’on avait encore des marches à gravir pour aller plus haut. L’année d’après, on les a franchies. Pas forcément en EHF, d’ailleurs, on était en Ligue des Champions après mais en championnat, ça nous a permis de pouvoir battre des équipes comme le PSG, Montpellier… Au final, ça reste une belle expérience car aller en finale de Coupe EHF, ce n’est pas donné à tout le monde. Même si l’issue a été dure, le parcours a été beau.»
Une anecdote sur tes coéquipiers dunkerquois de l’époque?
E.S. : « Il y en a tellement… Je dirais le mardi soir, si je ne dis pas de bêtises, quasiment tous les mardis soir, on restait dans le vestiaire pour boire un coup, pour discuter. On restait tellement tard que souvent, on avait des appels de nos femmes qui se demandaient ce qu’on faisait. C’était un moment qu’on avait envie de garder pour nous, en groupe, alors que normalement, après l’entraînement tu rentres chez toi. Tu peux traîner un peu mais on pouvait rester jusqu’à ce que les gardiens du stade nous demandent de partir ! (rires) A partir d’un moment, on s’arrangeait même pour passer par une porte qu’on devait juste claquer en partant. C’est le genre de choses que je n’ai jamais vécues ailleurs et je ne pense pas les revivre. C’est comme si on ne voulait pas se quitter alors qu’on savait très bien qu’on allait se revoir le lendemain. On en a vraiment passé des bons moments dans ce vestiaire. »
Quel souvenir gardes-tu de ton passage à Dunkerque ?
E.S. : « Je ne peux pas trop parler de souvenir car au final, même si je remonte moins souvent maintenant, quand je reviens, alors oui, des choses ont changé, le groupe, ça a évolué et tant mieux d’ailleurs mais j’ai l’impression, pas de n’être jamais parti mais de me sentir comme lorsque tu retournes chez tes parents, comme si t’étais à la maison. Les gens sont chaleureux. Ils te parlent comme si tu n’étais jamais parti. Ils te demandent des nouvelles mais au final, c’est comme si tu les avais vus la veille. Si je retourne à Créteil, je pense que limite on va me vouvoyer ! (rires) Que ce soit dans le club ou dans la ville, les gens que je côtoyais n’ont pas changé. Ils sont toujours aussi chaleureux et ça fait vraiment du bien de revenir. Quand on dit que dans le Nord et particulièrement à Dunkerque, les gens ont un grand cœur, je le confirme. Étant en région parisienne depuis quelques années, quand je rentre, je le ressens !»
Photo: Cedjans